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Le blog des tripakahocs
3 juin 2007

Le carnet de Seb, episode 7

Sujet : Au Cambodge : Siem Reap et Angkor

Jeudi 10 mai 2007 à 11h00, chez Patrick et Hoa (NDLR 1 : j’ai ajoute les accents dans le paragraphe precedent – NDLR 2 : il pleut sans discontinuer, ce sont vraisemblablement les premices de la mousson ; autour de la maison, a perte de vue, l’eau a recouvert les rizieres et la maison fait l’effet d’une embarcation atypique posee sur un miroir infini, tandis que les paysans deifies marchent sur une mer d’huile) :

La designation de notre chauffeur a decourage la plupart des autres pretendants, mais il n’en reste pas moins quelques irreductibles qui s’efforcent de casser les prix tout en ventant la superiorite de la guest-house avec laquelle ils ont conclu un accord de « vente du touriste » (il paraitrait qu’un touriste rapporte 5 $ au rabatteur). Sans deroger a notre choix, nous embarquons donc avec l’elu. Une dizaine de minutes plus tard, nous stoppons devant la guest-house en question. Arret de courte duree etant donne qu’elle affiche complet. La-dessus, notre rabatteur nous propose une deuxieme guest-house, naturellement plus chere, que nous refusons. Rouvrant mon Petit Futé, je lui en indique une autre, mais celle-ci semble ne pas lui convenir. Il nous explique qu’elle est loin du centre et qu’elle est pleine de Japonais ; ca tombe bien, j’adore marcher et j’ai fait du Japonais. A contre cœur, il nous y conduit donc. Les patrons sont francophones. La chambre que l’on nous propose est spacieuse et climatisee. De 20 $, nous la negocions a 17. Le chauffeur nous avait assure que la course jusqu'à l’hotel serait gratuite, mais comme, nous l’avons bien compris, il ne s’agissait pas de n’importe quel hotel, il demande a present a etre paye… ce que nous refusons. Dans ce cas, en contrepartie, il propose de nous emmener des a present a Angkor voir le coucher de soleil… nous, on a plutot envie de se poser un peu. Je propose donc, fort de mon experience passee a l’occasion d’un precedent voyage, un lever de soleil a Angkor (pour la photographie, l’aube est plus belle que le coucher). Nous nous mettons d’accord et convenons d’un rendez-vous le lendemain matin devant la guest-house a 5 heures. En soiree, nous nous promenons le long de la riviere ombragee, croisant ca et la des singes assoupis, en direction du vieux marche ou nous comptons diner.

De petite ville paisible, Siem Reap doit a sa proximite avec Angkor d’etre devenue une gigantesque ville dortoire a l’expansion incontrolee, un peu le Las Vegas hotelier cambodgien, ou les quelques temples et batisses coloniales sont phagocytes par le betonnage outrancier sur fond de speculation immobiliere et d’affaires douteuses. Un quartier entier, sous haute surveillance policiere, est sorti de terre pour la restauration des touristes ; il y en a pour tous les gouts (khmer, indien, thailandais, chinois, japonais, vietnamien, francais, italien, americain, etc.), mais pas pour tous les prix (tous occidentalises), et chaque enseigne s’efforce de proposer un style (architecture, mobilier, decoration) en accord avec le pays represente. Un veritable Dysneyland !

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Vendredi 4 mai : lever 4 heures ! Dur, dur ! Ca me rappelle le boulot et le « Bordeaux – Paris » de 6h10… C’est Hoa, nullement marquee par cette courte nuit, qui, bondissant de son lit des le premier bip de ma Casio, nous a vigoureusement sortis de notre lethargie. A 5 heures precises, nous partons pour Angkor en touk-touk dans la fraicheur matinale. Une dizaine de kilometres plus tard, nous arrivons au peage qui est a l’echelle du site : gigantesque. A cette heure-ci, ca passe tout seul. A 20 $ l’entree (gratuit pour les Cambodgiens) plus les innombrables subventions internationales accordees pour la renovation des temples (lors de la visite, nous noterons des aides francaise, chinoise et australienne), on comprend que nous sommes ici au cœur des revenus touristiques du pays. Le premier temple ou nous depose notre chauffeur particulier est Angkor Wat. 

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Temple funeraire en gres et laterite datant de la premiere moitie du XIIeme siecle, bati sous le regne de Suryavarman II (NDLR : en meme temps que l’abbaye de Chartres), et dedie a Vishnou (l’un des trois grands dieux hindous), c’est le plus important du site. Sa silhouette orne fierement le drapeau cambodgien. Passee l’entree, nous progressons sur une chaussee de plus de 200 m de long aux balustrades en forme de Naga (etre fabuleux multi-cephale mi-homme mi-serpent) ; a mi-distance, nous descendons un petit escalier sur la gauche afin de nous rendre au pied d’un bassin rectangulaire constelle de fleurs de lotus et dans lequel le soleil renaissant projete l’image fragmentee du temple presque millenaire. C’est la pause photo necessaire. Puis nous visitons le temple et ses nombreuses galeries, liant connaissance avec les Apsaras, danseuses celestes aux seins nus (qu’il convient, selon la tradition, de caresser au passage) venant chercher les heros defunts.

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Tandis que le soleil poursuit sa course ascensionnelle de conserve avec la temperature, nous entrons dans Angkor Thom, ville fortifiee (fin du XIIeme siecle) de 3 km de cote, ou nous prenons le petit dejeuner. Nos forces retrouvees, nous nous aventurons dans le « temple-montagne » au cœur de la ville : le Bayon. Un monument impressionnant fait d’une multitude de tours dissimulant des visages souriants aux proportions surhumaines.

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A l’interieur, on nous remet trois batons d’encens que nous offrons a Bouddha en formant trois vœux pieux. Nous poursuivons notre route par la visite des temples peripheriques. Le soleil brulant et les escaliers de gres aux marches inegales, d’une inclinaison proche des 70 degres, consument notre energie en un rien de temps. Les pierres chauffees a vif, l’espoir de fraicheur a l’interieur des temples est vain ; tout n’est que fournaise. Il est 13 heures a peine et deja, nous sommes sur les rotules. Quelques bouteilles d’eau plus tard, notre touk-touk poursuit son circuit vers le temple qui aura ma preference : Ta Prohm (milieu XIIeme, debut XIIIeme siecle). Ce temple offre la particularite d’avoir ete laisse dans l’etat ou les explorateurs l’ont decouvert, c’est a dire livrant une lutte sans merci avec les forces de la nature : les racines des fromagers geants se lovent entre les pierres jusqu'à plusieurs metres de hauteur et, s’insinuant dans les moindres interstices, les soulevent tels des fetus de paille. L’ensemble de la physionomie du site s’en trouve recompose et plonge le visiteur dans un spectacle surnaturel. Concours photo avec Patrick, dans la categorie « surrealiste ». Pour nous remettre de nos emotions et refroidir un peu, nous choisissons de conclure cette journee Angkoresque par une balade en touk-touk autour d’une serie d’autres temples qui sont habituellement au programme des jours deux et trois.

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Le soir, apres un diner sympathique dans un restaurant khmer typique, j’avise Patrick et Hoa de mon intention de decouvrir les bienfaits des massages cambodgiens. Pour Patrick, il n’en est pas question, non point qu’il n’en caresse pas l’envie, mais parce que sa situation matrimoniale le lui interdit. Au Vietnam, un mari a l’exclusivite de sa femme pour les massages, et la frequentation d’un institut, aussi professionnel soit-il, semble etre synonyme de luxure… c’est pour le moins ce que j’ai cru comprendre au travers du discours (partial) d’une epouse (jalouse). J’ai donc abandonne mes deux compagnons de route pour me mettre en quete d’un salon de massage des plus professionnels. Les premiers devant lesquels je passe me paraissent peu recommandables eu egard aux deux rangees de jeunes filles court-vetues assises en haie d’honneur devant la vitrine de leur antre. Plus loin, au cœur du quartier touristique, un spa guinde pres d’un hotel luxueux offre un eventail de prestations des plus allechant, mais dont les tarifs fleurtent avec ceux dont nous sommes coutumiers en Occident. Je passe donc mon chemin et poursuis en direction du vieux marche, toujours anime a cette heure tardive. Dans une rue voisine, une enseigne, le « Blue 7 », me paraît, au feeling, serieuse et bien tenue ; a l’entree, on me remet un prospectus mettant en exergue une distinction qu’une celebre revue australienne lui aurait attribue (il est ecrit que l’on peut lire l’article au dos, mais ils ont du oublier d’activer le recto/verso en faisant les photocopies). Quant aux tarifs, pour 5 $ de l’heure, on beneficie d’un massage des pieds ; pour 6 $, c’est le « body » ; pour 7 $, c’est le « body oil » ; pour 8 $, c’est aussi le « body oil », mais l’huile contient je ne sais trop quoi en plus ; et pour 10 $, c’est le « four hands » (j’ai d’abord pense a Vishnou qui est toujours represente avec au moins 4 bras). En rajoutant 2 $, ca dure deux heures. Je decide de rentrer. La, un jeune homme quelque peu embarrasse tente de m’expliquer quelque chose ; apparemment, c’est de l’Anglais, mais je n’y comprends rien. La salle qui a pignon sur rue, d’environ 40 m2, comporte une dizaine de fauteuils confortables dedies aux pieds ; deux sont occupes. Au fond a droite, c’est la reception. Le jeune homme me fait signe de le suivre au fond a gauche vers un petit escalier peu avenant qui monte a l’etage. Nous debouchons sur un couloir ouvert sur l’exterieur avec, sur la gauche, une superbe vue sur les toits et, sur la droite, une serie de loges sombres compartimentees par des rideaux bleus. Mon guide cambodgien entrouvre la premiere loge. En guise de mobilier, deux matelas couverts d’un drap blanc poses a meme le sol, un touriste blanc ventripotent habille d’une serviette blanche sur l’un deux, et une jeune cambodgienne a l’œuvre sur ce dernier… rien de bien exhaltant… et rebelotte dans les quatre autres loges de l’etablissement. J’en deduis donc que ce que voulait me dire le jeune homme tout a l’heure, c’etait qu’ils etaient a moitie complet. Refusant la promiscuite d’une creature blanche grassouillette, je decline la proposition du second matelas et tourne les talons. Sentant peu a peu la determination m’abandonner, j’hesite a declarer forfait. Quoi qu’il en soit, d’apres mes calculs, je dois pouvoir rentrer sans pour autant faire demi-tour. Un peu plus loin, dans une ruelle sur la gauche, j’apercois plusieurs enseignes ; l’une d’elles est un salon de massage qui se prenomme « 7 Girls ». Sans illusion, je m’approche et rentre. Les tarifs et prestations proposes sont les memes que ceux du « Blue 7 ». D’apres le prospectus que je consulte, il s’agit du meme gerant… et donc bien evidemment de la meme distinction attribuee par cette decidemment celebre revue australienne.

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Commentaires
A
Superbe récit, on s'y croirait ! Mais j'attends la suite des aventures de Seb dans l'établissement de massages. <br /> Un petit coucou d'Aquitaine à vous tous.
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