Le carnet de Seb, Episode 8

Mardi 8 mai : grasse matinee. Je reussis a replier seul ma moustiquaire. En debut d’apres-midi, tandis que Patrick demonte sa moto pour la faire secher, nettoyer la bougie, et refaire les niveaux, je m’essaie a la sorbetiere. Au programme, sorbet au citron vert : 

                                             

1.      Brossez l’un des citrons sous l’eau et prelevez un morceau de zeste a l’aide d’un couteau econome. Hachez-le finement.

2.      Pressez les 12 citrons verts afin de recueillir 25 cl de jus.

3.      Dans une casserole, faites bouillir 25 cl d’eau avec 250 g de sucre en poudre et le zeste de citron hache jusqu'à obtenir un sirop. Laissez-le refroidir completement.

4.      Ajoutez le jus des citrons filtre, 25 cl de lait entier froid, et melangez le tout.

5.      Versez la preparation dans la turbine a glace et laissez prendre jusqu'à bonne consistance (environ 35 minutes). Si vous ne l’utilisez pas tout de suite, reservez dans un bac au congelateur.

                                                         

Mercredi 9 mai : lever 9h00 (soit 3 heures plus tard que Hoa). Apres le petit dejeuner, je poursuis la lecture des Cantos d’Hyperion (tome 1), chef-d’œuvre de Dan Simmons dans la categorie science fiction. Puis nous partons en moto a Rach Gia avec Patrick ; etant donne qu’il a plu enormement, nous privilegions l’itineraire bis, plus long en distance, mais egalement plus sur car nous evoluons majoritairement sur un chemin en dalles de ciment. Une heure plus tard, sitot arrives, nous dejeunons face au marche ; j’opte pour le « banh tam » (7 000 Dongs), plat delicieux compose d’epaisses noodles, de legumes, de lait de coco, et de deux boulettes de viande. Comme dehors il s’est remis a pleuvoir tant et plus, nous passons l’apres-midi au cyber-cafe (3 000 Dongs de l’heure) ; Patrick met a jour son Blog, enfin essaie, car il rencontre de gros problemes pour transferer ses photos, tandis que, de mon cote, j’ecris. Nous rentrons vers 17 heures alors que, nuages aidant, la nuit commence a tomber. A 22h00, j’attrape ma moustiquaire rose. A 22h30, elle est installee.

Jeudi 10 mai : lever 9h00. Il pleut et la maison est devenue comme une Arche de Noe pour les insectes aquaphobes ; il y en a jusque dans mes chaussures (desormais, je fais attention avant de les enfiler). Pour le petit-dejeuner, je presse moi-meme les oranges vertes et realise mon ice-coffee-with-milk : 1 dose de lait concentre, 2 doses de cafe, de la glace pilee, une cuiller pour touiller, et une paille. Les glacons sont fabriques a partir de l’eau de pluie recuperee dans de grandes jarres en terre - « cai kieu » - qui ne tardent jamais a se remplir lors d’une averse. L’eau est prelevee a l’aide de petits verres en metal stockes au congelateur. Le glacon qui en resulte est enorme et tient a peine dans la main ; pour le decomposer, on utilise une barre metallique legerement concave d’environ 30 cm de long pour 5 de large. Ce qui fait que la premiere fois, j’ai pile mes doigts. Pour accompagner tout ca et permettre au comprime de Doxycycline de m’immuniser contre le Palu tout en reduisant les nausees qui s’ensuivent, je tartine deux vache-qui-rit (frabriquees en Pologne) sur un gros morceau de pain. Nous entreprenons ensuite le demontage meticuleux de l’ordinateur portable de Patrick qui chauffe enormement puis s’eteint systematiquement au bout de quelques minutes. Confine au niveau de la sortie d’aeration, nous trouvons un monticule de poussiere qui l’obstrue partiellement. Ravis, nous nettoyons et procedons au remontage. A l’issue de cette operation menee de main de maitre, etrangement, il nous reste trois vis. Nous rallumons le portable et je me prepare a reinstaller Windows, la souris dans la main droite, la bouteille de Champagne dans la gauche, et mes deux yeux pour constater qu’au bout de quelques secondes il s’eteint de nouveau. Defibrilateur, massage cardiaque, adrenaline, rien n’y fait, il rend l’ame au Vietnam. Epuise, Patrick rampe jusqu'à son hamac auto-porte pour une sieste de deux heures, tandis que je reprends l’ecriture de mon recit sur son ordinateur de bureau avec un fond de musique vietnamienne et un ventilateur a fond. A midi, nous mangeons des tomates farcies et des crapeaux que la mere de Hoa a cuisines. Du coup, je n’ai pas demande a quoi etaient farcies les tomates. Dans l’apres-midi, pendant la sieste digestive de Patrick, Hoa et moi partons en scooter au poste de police le plus proche (qui est tres loin), afin qu’elle declare ma presence dans leur maison (apparemment, c’est obligatoire, et c’est ce que font habituellement les hotels dans lesquels sejournent les touristes). Le policier de service met environ vingt minutes pour ecrire mon nom et mes trois prenoms sur son registre. Pendant ce temps, a l’exterieur, je vois passer sur la riviere une sorte de grand aviron avec une vingtaine de Cambodgiens a bord qui rament energiquement au rythme impose par leur entraineur. Lorsqu’ils m’apercoivent, ils perdent le rythme. Plus tard, une mobylette avec deux policiers entre dans le parking puis disparaît derriere le batiment ; dans la meme minute et venant de la meme direction, je vois passer deux poules devant la porte… La paperasse administrative achevee, un peu plus loin en bordure de riviere, pendant que Hoa rend visite a sa cousine, je me fais faire une manucure pour 2 000 Dongs. Puis nous passons au marche du village afin d’acheter ce qui nous manque pour le diner. La, tout geant que je suis compare aux asiatiques, je me cogne a tous les bambous qui supportent leurs febriles toits de tole. Sur le retour, comme je manoeuvre brillamment le scooter entre les flaques profondes sur l’etroit chemin boueux et caillouteux, Hoa me pince sans cesse pour que je ralentisse car elle a peur qu’on tombe dans la riviere. Au diner, c’est soiree crepes, avec tout le savoir faire du Français expatrie.

                                              

A+++ Sebastien